Ma santé

L’actu de la démocratie en santé

La Conférence Régionale de la Santé et de l’Autonomie | Publié le 23.09.24

Les visages de la CRSA - Portrait de Didier Honnart

Rencontrer Didier Honnart, c’est un peu comme ouvrir la page Wikipédia sur la santé à Dijon. Pour un ordinateur comme pour les anecdotes, c’est de la mémoire vive qu’il faut. Cela tombe bien : mon interlocuteur en a des giga-octets.

Portrait de Didier Honnart

Mémoire-vive

Rencontrer Didier Honnart, c’est un peu comme ouvrir la page Wikipédia sur la santé à Dijon. Pour un ordinateur comme pour les anecdotes, c’est de la mémoire vive qu’il faut. Cela tombe bien : mon interlocuteur en a des giga-octets.

Rendez-vous tout au bout du tram, au siège du Conseil régional Bourgogne-Franche-Comté de l’Ordre des médecins. M. le Président m’accueille, affable et souriant, et bien vite la pointe de décontraction dans son langage met à l’aise, malgré la solennité des lieux. On ne s’embarrasse pas de circonvolutions, on peut parler directement. « Je suis docteur en médecine depuis le 24 juin 1980. J’avais 25 ans. J’ai été anesthésiste en 1981 […] et depuis je suis au CHU de Dijon. Donc le début de ma carrière c’est la réanimation, on a mis en place plein de trucs, je m’occupais essentiellement des traumas crâniens graves. […] En 97 il y a un décret qui passe, suite au rapport Steg (1). Qui constate qu’aux urgences, c’est un peu le bordel, c’était les internes qui faisaient tout ! [Alors] les services d’urgence ont été créés de façon autonome et je me suis retrouvé chef de service un peu par hasard. »

Il décrit une carrière faite de passion, d’abnégation. Avec un trait de lucidité : « Je pense qu’on en a trop fait aussi, parce qu’on a délaissé nos familles… […] Mais maintenant ce n’est plus l’époque que j’ai connue, c’est-à-dire qu’on ne cherche plus des postes pour mettre sur des médecins, on cherche des médecins pour mettre sur les postes ! ».

Et d’embrayer sur le motif d’inquiétude n°1 : « la démographie médicale, et infirmière ! […] On a beau augmenter le numerus apertus… il faut 10 ans pour former un médecin ! [Quant aux infirmières,] vous avez vu leur durée de vie au travail ? C’est un gâchis fondamental ».

La CRSA apparaît pour lui la tribune parfaite pour ce genre de problématique « J’aime bien les échanges qu’on a pu avoir en CSDU (Commission spécialisée droits des usagers) ! Et à la CSOS (Commission spécialisée de l’organisation des soins), ce que j’apprécie, c’est de pouvoir apporter l’œil du médecin de terrain. L’histoire de la fermeture de la maternité d’Autun par exemple, ça a fait un vrai débat. Je me suis évertué à leur expliquer que ce n’est pas l’ARS (Agence régionale de santé) qui ferme la maternité ! C’est la maternité qui ne peut pas tourner parce qu’il n’y a pas de médecins, c’est quand même un peu différent ! Et puis est-ce que vous acceptez d’accoucher dans une maternité où il n’y a pas de pédiatre ? Où l’anesthésiste n’est peut-être pas là, alors vous n’aurez peut-être pas de péridurale ? »

Les solutions ? Les coopérations (« Tout ça, c’est l’avenir ! »). Et justement, la CRSA semble participer de cette dynamique « Cela a permis de côtoyer les autres, avant, on ne se voyait pas comme ça. Ça a permis une interconnaissance ».

Que ce soit avec le monde libéral « Je connaissais un peu les libéraux parce que en 2001 on avait créé la première maison médicale de garde », que ce soit avec l’ARS « La période Covid a été très importante, où j'ai repris temporairement la responsabilité du service des urgences du CHU en 2020. Les relations avec l'ARS étaient quotidiennes et ont créé des liens très forts, qui le restent aujourd'hui », que ce soit avec les autres professionnels de santé « Sur la vaccination ou les antibiotiques, ce sont des questions qui sont sûrement à travailler… », que ce soit avec les institutions « C’est super intéressant de côtoyer les parlementaires », ouverture et dialogue semblent opérer pour faire œuvre de santé publique.

Ce qui n’empêche pas cet esprit un brin espiègle (« Si j’étais un animal, je serais un chat parce que j’aime bien les massages relaxants ! ») de confier ses angoisses sur les années qui passent, la dépendance et la fin de vie. Alors que le projet de loi est suspendu depuis juin dernier, faisons confiance à Didier Honnart pour, lui, aller de l’avant « Comme c’est passionnant et que je vais arrêter, parce qu’il faut être raisonnable, ça va me faire un vide ! Enfin c’est pour ça que j’ai d’autres trucs à côté, j’ai le conseil national professionnel, j’ai la HAS (la Haute autorité de santé, où il mène à bien la certification des établissements), j’ai l’expertise (Fonctions d’expert auprès des tribunaux), donc voilà, on peut continuer un petit peu après ! »

 

Marion Defaut

 

Bulletin n°1
Hors des sentiers battus
Explorons les voies alternatives pour l’accès à la santé en BFC
1. L’invité du Bulletin
2. La tribune des lecteurs
L’astuce du Bulletin
Conseils pratiques et informations
Agenda
Les Rendez-vous santé en BFC