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La Conférence Régionale de la Santé et de l’Autonomie | Publié le 07.07.25

Les visages de la CRSA - Portrait de Colette Prevost

Elle se présente aussi modestement que son CV (in English, please !) est impressionnant. Simple, sans chichi, rassérénée par un thé fumant en cette blême après-midi plombée de frimas, Colette Prévost dévoile ses accomplissements, ses aspirations, ses tourments… tout en employant à l’envi le mot "Schmilblick" !

Nature, vous dis-je.

Colette Prevost, membre de la CRSA comme représentante des associations de protection de l’environnement agréées

Nature

Elle se présente aussi modestement que son CV (in English, please !) est impressionnant. Simple, sans chichi, rassérénée par un thé fumant en cette blême après-midi plombée de frimas, Colette Prévost dévoile ses accomplissements, ses aspirations, ses tourments… tout en employant à l’envi le mot "Schmilblick" !

Nature, vous dis-je.

Cela commence (classiquement) par un écueil dans le parcours professionnel. “ Je travaillais dans la recherche pharmaceutique. Mon dernier poste […] je dirigeais 45 personnes avec différentes disciplines. J’avais des équipes dans des labos en Hollande, en Allemagne. […] Et puis nous avons tous été licenciés en 2013 “. Par curiosité, goût de la transmission, de l’enseignement (et sans doute une volonté farouche de rebondir), elle prend des cours du soir au Cnam afin d’être compétente en matière de formation et conseil. Quand l’étonnement se teinte d’admiration (“Vous avez fait un master à 57 ans ?” ), elle minimise “Oui, enfin, les modules principaux“... Mais précise en souriant : ”Et je les ai eus !”.

Et puis, en parallèle, l’engagement. Au sein de l’association France Nature Environnement, qui mène des activités d’éducation grand public et des missions de plaidoyer au sein de différentes instances. Avec son parcours dans le domaine de la santé, c’est en toute logique que Colette Prévost se propose à la CRSA (1), “pour faire entendre la voix des associations d’environnement […] et aussi écouter, comprendre les problématiques de tout le système médico-social. Ce qui me choque le plus, c’est que tout est en silo et que chacun dépense beaucoup d’énergie pour faire des choses qui sont les mêmes que celles des voisins d’à côté”.

Par besoin d’agir “pour avoir l’impression que ça avance”, elle s’investit également dans le CTS 21 (2). “Au mois de juin dernier, on a fait à Semur-en-Auxois un après-midi sur les urgences : comment ça marche, qu’est-ce qu’il faut faire, etc.”. Constat identique : même certains personnels de santé ayant animé des ateliers ont découvert comment l’ensemble du système fonctionne. “Si on mettait tout en cohésion, si on partageait, ça irait mieux”.

Aussi salue-t-elle les journées thématiques à la CRSA, en citant la conférence de 2024 sur les vulnérabilités liées à la santé : “Ça avait été drôlement intéressant parce qu’ils avaient fait venir en même temps un juriste, un anthropologue, un sociologue, etc. […] Ça acculture tout le monde au sujet ! “.

Mais ensuite ? Comment avoir un impact ? Comment prêcher les non-convaincus ? L’épuisement guette : “Tout fonctionne sur le bénévolat. [Pour l’action à Semur] on était quatre au début, et je me suis retrouvée toute seule à la fin”. L’indignation s’invite : “Pour faire partie de la CSP (3), ce qui me révolte un peu, c’est qu’on pense toujours soit à la répression soit au curatif, mais jamais suffisamment à la prévention. […] L’ancien ministère de la santé, c’était "prévention", mais on a bien vite enlevé le mot, malheureusement ! “. Le découragement menace : “On a tellement une rafale de mauvaises nouvelles… “. Citant ainsi l’allègement de la réglementation sur les pesticides, les PFAS dans l’eau du robinet, la multiplication des cancers… “C’est vraiment le pot de terre contre le pot de fer”.

Quel serait le motif d’espoir ? On s’inquiète de sécher un peu… “Quand on voit un Trump en plus, comment trouver une bonne nouvelle ?“. Et puis, tout de même, ce serait la mobilisation des populations : “Les gens commencent à comprendre que oui on va bétonner en bas de chez eux, on va enlever les trois pauvres arbres qui existent […] que si on bousille la végétation, les animaux, etc., le cadre vie change. Ça agit sur le psychique, ça agit sur la biodiversité… C’est One Health tout le temps, quoi !”.

Si ce concept, reliant la santé de tout le monde du vivant, infuse lentement dans les hautes sphères, à la racine la prise de conscience semble s’accélérer, et “si les politiques ne veulent pas avancer, et bien que ce soit le peuple qui fasse avancer les choses ! Parce que partout on voit des petits groupes de gens qui essaient de faire avancer… le Schmilblick ! “.

Marion Defaut
Chargée d’ingénierie documentaire et de conseil éditorial - Promotion Santé BFC

 

(1) Conférence régionale de la santé et de l’autonomie Bourgogne-Franche-Comté

(2) Conseil territorial de santé de Côte-d’Or

(3) Commission spécialisée prévention

Bulletin n°3
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