L'idée du livre Urgences or not urgences est directement inspirée de son expérience en tant que pédiatre urgentiste. En 2019, après avoir une fois de plus expliqué à des parents pourquoi une fièvre n'était pas systématiquement synonyme de danger pour un nourrisson, il décide de créer une page sur les réseaux sociaux pour vulgariser ses connaissances médicales auprès du grand public. Ce fut le point de départ d'une aventure qui allait rapidement prendre de l'ampleur.

Face à la demande croissante d'informations, la création d'un livre s'est imposée. Grâce à des contacts dans le monde de l'édition, il parvient à concrétiser ce projet. Urgences or not urgences voit le jour en 2021.

“Je voulais un format court, accessible, avec un ton humoristique pour rendre la lecture agréable et un prix abordable”

Le succès du livre ne se fait pas attendre. En deux ans, Urgences or not urgences s'est vendu à plus de 65 000 exemplaires et domine la catégorie pédiatrie sur Amazon, depuis sa parution.

Au-delà des chiffres, l'ambition de l'auteur est de centraliser des informations validées scientifiquement et de les rendre accessibles au plus grand nombre, sans dépasser les cent pages : face à la prolifération de désinformations médicales, notamment sur les réseaux sociaux, To be or not Toubib a voulu créer un outil fiable et pratique.

Il souligne d'ailleurs l'importance de la validation scientifique des informations contenues dans son ouvrage, en partenariat avec des organismes reconnus comme le Collectif No Fake Med et ReAGJIR, qui valide les livres : "Il y a un vide énorme en termes d'éducation à la santé, particulièrement en pédiatrie. Ce vide est malheureusement comblé par des fakes news, des influenceurs peu scrupuleux et des contenus culpabilisants pour les parents", alerte-t-il. Le livre vise donc à aider les parents à différencier une urgence véritable d'une situation bénigne.

Pour illustrer cette problématique, il propose même une campagne de sensibilisation nationale sur la fièvre du nourrisson, similaire à celle sur les antibiotiques, qui permettrait de diminuer les passages inutiles aux urgences pédiatriques : "Une campagne sur la fièvre chez le nourrisson, avec un slogan comme - La fièvre, le chiffre ne fait pas la gravité -, pourrait réduire de 30 % les passages aux urgences pédiatriques", avance-t-il.

Relativement à un partenariat avec des instances de démocratie en santé, To be or not Toubib se montre ouvert, d’autant plus que des collaborations sont déjà en place avec plusieurs Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS), dont la CPTS Auxois-Morvan. Néanmoins, bien qu'il travaille avec les CPTS, il regrette de ne pas connaître les Conseils Territoriaux de Santé (CTS), ni la Conférence Régionale de la Santé et de L’Autonomie (CRSA) : "Il serait pertinent de collaborer avec ces instances pour mieux informer les parents et offrir des ressources fiables", indique-t-il.

Son éditeur, First Editions est d'ailleurs prêt à s'investir dans de tels projets, avec des éditions spéciales à prix réduit et des fiches exclusives adaptées au projet et au territoire concerné, un édito original co-écrit avec l’auteur... Un tel partenariat pourrait, par exemple, s’avérer intéressant pour la maternité de l’Hôpital Nord Franche-Comté, où les boîtes roses ont été supprimées. Celles-ci pourraient être remplacées par des ressources plus en phase avec les besoins actuels des parents. Il souligne également un manque de relais en dehors des murs hospitaliers, sur lequel les instances de démocratie en santé et les CPTS pourraient travailler.

Pendant trois ans, To be or not Toubib a choisi de rester anonyme sur les réseaux sociaux, notamment à cause des menaces reçues durant la pandémie de COVID-19 : "Les réseaux peuvent être dangereux, entre les menaces de mort et les piratages de ma page, j’ai préféré préserver ma sécurité et ma santé mentale", confie-t-il.

Cependant, après la crise sanitaire, il a décidé de sortir de l'anonymat avec la réédition de son livre. Depuis, il participe à des émissions télévisées, des conférences en France et en Belgique, notamment sur le thème des fake news dans le domaine médical. A ce sujet, il précise qu’"il est crucial non seulement d’informer les parents, mais aussi de former les professionnels de santé", ajoute-t-il. A ce titre, pour lui, la collaboration entre les médecins hospitaliers et les professionnels de santé en ville est un enjeu central.

Mesurer l'impact de ses actions sur la santé publique reste un défi, mais il demeure optimiste quant à l’avenir de son projet. "Il y a encore beaucoup de chemin à faire pour contrer les fakes news sur les réseaux, mais chaque initiative compte", conclut-il.

Pour To be or not Toubib, une bonne information médicale doit être : ludique, accessible, et rapide. Trois principes qui ont fait le succès de son livre, devenu une référence pour de nombreux parents.

Louise Lepage